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Vincent Bonnefille

Latest Public Collections and Notes

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R))

L'épuisement littéraire/artistique ou comment s’intéresser sur le banal, sur ce qui ne faisait pas art/litterature.... avant que Blanchot et autres ne défassent ce qui faisait l'auteur et réinventent leur art.


R) < L’article qui suit détaille deux cas littéraires qui articulent, chacun à sa manière, la logique de l’épuisement: le cas des fictions de Maurice Blanchot, qui prennent comme centre l’exténuation de la voix narrative, et celui de la Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de Georges Perec, qui se présente comme un travail exhaustif d’inventaire du réel. >


-----


Blanchot, récit du désœuvrement + chambre ::::::

< Frances A. Yates (Yates, 1966), selon laquelle les Ars memoriae antiques sont en fait des manières d’articuler des espaces imaginaires de la mémoire (Yates, 1966), il est possible de lire les arts du récit de Blanchot comme des architectures mémorielles. Les «lieux» que ceux-ci cherchent à instituer ‒ceux des chambres et des pièces closes où errent ses personnages fictionnels‒ peuvent certes se comprendre comme les gouffres de l’oubli, mais aussi comme les facettes plurielles d’une mémoire alitée, immobilisée et exténuée, qui possède sa propre temporalité. >


+ R)

< [...] l’œuvre blanchotienne fut, par sa poétique du désœuvrement et de l’épuisement, un refus radical de la mythification de la littérature >


+

mort du sujet (litterraire, auteur, sujet)

< L’écriture fictionnelle de Blanchot, qui se veut le lieu où le sujet trouve la mort,n’est pas la simple négation de la subjectivité narrative et de l’écrivain. Elle est la cristallisation d’une poétique de l’épuisement à travers laquelle le sujet, loin d’être nié, retrace ses contours sous la forme spectrale et désœuvrée d’un être «qui suppose sa mort antérieure».À la fois architectures de l’oubli et de la mémoire, cette poétique garde en elle les traces d’une narrativité et d’une subjectivité autre qui, à l’orée même de sa disparition, mettent en lumière la figure de l’écrivain anonyme. Dès lors, c’est le mythe même de la littérature, mais aussi, en filigrane, la figure de l’écrivain moderne qui – disparaissant et s’effaçant dans le langage littéraire – [...] >



C)

< Si Blanchot tente d’épuiser la littérature de l’intérieur, ce n’est que mieux rétablir l’éclat de son mythe et sa mémoirequi en sont venus à se fragmenter à travers les désastres et les catastrophes historiques de la modernité. >


------


Oulipo écriture mécanique, perte de son utilité descriptive/fictionelle

-> son propre imaginaire / vocablaire :

<

Les arts littéraires, sous OuLiPo, ne sont plus des «arts du vide» ni les lieux d’une «expérience-limite» du langage; ils deviennent les espaces d’un jeu et d’une invention artisanale qui aplatissent toute forme de mythologie littéraire. Le mythe de la littérature, que minait de l’intérieur l’esthétiquenégativedéfinie par Rabaté, se retrouve déboulonné, démonté, défait de l’extérieur par l’esthétiqueoulipienne de l’exhaustivité formelle. La poétique du désœuvrement ‒lieu où l’expérience littéraire devient presque une négativité absolue‒ est remplacée par l’imaginaire prosaïque d’une«littérature-machine»qui ouvre l’écriture à ses potentialités infinies.

>



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Au sujet d'un épuisement impossible

( par des subterfuges litteraires @B et @P font semblant d'atteindre l'exhaustivité )

... L'article rappelle leur <fonction descriptive> ( son rôle à produire de la déception )

<

Ce geste esthétique, qui se veut exhaustif, se base sur un artifice propre à la voix narrative –ou plutôt classificatrice– du texte: elle met en scène l’illusion, pleinement assumée, d’une possibilité de la totalité. Loin pourtant de l’univers désincarné des fictions blanchotiennes, le sujet d’énonciation perequien se rapproche ici de la voix narrative de Blanchot: les deux partagent la quête impossible d’une exhaustivité qui, inévitablement, mène l’écriture à l’inachèvement. Comme pour Blanchot, l’épuisement, chez Perec, n’est pas ce qui arrête le geste littéraire; il est ce qui l’alimente. Il est moteur du jeu littéraire et de la mémoire qu’il porte en lui.

>

+

<

Le travail minutieux de catalogage ‒des êtres et des choses qui traversent son présent‒ dévoile le caractère mémoriel de la démarche d’écriture de Perec. Derrière le jeu ludique de la contrainte d’exhaustivité se constitue une tentative d’archivage de la réalité et du présent; l’écriture veut garder en mémoire le présent concret de la place Saint-Sulpice, celle qui a existé du 18 au 20 octobre 1974. Ce n’est pas la dimension historique de l’endroit qui intéresse Perec, mais bien son épaisseur temporelle, le feuilletage sensible des différentes facettes de son réel-présent.

>

@P fait ce jeu dont la contrainte est l'exhaustivité ( tout enregistrer ) de façon profonde ("millefeuil") là ou ta base de données et étalée dans le temps !


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Une tache (capter le présent) vouée à l'échec (infinie)

<

En réaction à l’accélération du temps que suppose le présentisme de notre ère, la poétique perequienne de l’épuisement est une pratique mémorielle qui cherche à écrire l’envers du récit historique: elle cherche à écrire une histoire différentielle, l’histoire d’un réel et d’un présent qui, inévitablement, sont toujours en train de nous glisser entre les mains.

>


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1) Le labyrinthe et l'oubli.

Fondements d'un imaginaire

Bertrand GERVAIS

https://oic.uqam.ca/wp-content/uploads/2013/06/cf6-2-gervais-le_labyrinthe_et_loubli.pdf


2) Bertrand Gervais "l'effacement radical"

https://www.erudit.org/fr/revues/pr/2002-v30-n3-pr542/006869ar.pdf






R))

L'épuisement littéraire/artistique ou comment s’intéresser sur le banal, sur ce qui ne faisait pas art/litterature.... avant que Blanchot et autres ne défassent ce qui faisait l'auteur et réinventent leur art.


R) < L’article qui suit détaille deux cas littéraires qui articulent, chacun à sa manière, la logique de l’épuisement: le cas des fictions de Maurice Blanchot, qui prennent comme centre l’exténuation de la voix narrative, et celui de la Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de Georges Perec, qui se présente comme un travail exhaustif d’inventaire du réel. >


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Blanchot, récit du désœuvrement + chambre ::::::

< Frances A. Yates (Yates, 1966), selon laquelle les Ars memoriae antiques sont en fait des manières d’articuler des espaces imaginaires de la mémoire (Yates, 1966), il est possible de lire les arts du récit de Blanchot comme des architectures mémorielles. Les «lieux» que ceux-ci cherchent à instituer ‒ceux des chambres et des pièces closes où errent ses personnages fictionnels‒ peuvent certes se comprendre comme les gouffres de l’oubli, mais aussi comme les facettes plurielles d’une mémoire alitée, immobilisée et exténuée, qui possède sa propre temporalité. >


+ R)

< [...] l’œuvre blanchotienne fut, par sa poétique du désœuvrement et de l’épuisement, un refus radical de la mythification de la littérature >


+

mort du sujet (litterraire, auteur, sujet)

< L’écriture fictionnelle de Blanchot, qui se veut le lieu où le sujet trouve la mort,n’est pas la simple négation de la subjectivité narrative et de l’écrivain. Elle est la cristallisation d’une poétique de l’épuisement à travers laquelle le sujet, loin d’être nié, retrace ses contours sous la forme spectrale et désœuvrée d’un être «qui suppose sa mort antérieure».À la fois architectures de l’oubli et de la mémoire, cette poétique garde en elle les traces d’une narrativité et d’une subjectivité autre qui, à l’orée même de sa disparition, mettent en lumière la figure de l’écrivain anonyme. Dès lors, c’est le mythe même de la littérature, mais aussi, en filigrane, la figure de l’écrivain moderne qui – disparaissant et s’effaçant dans le langage littéraire – [...] >



C)

< Si Blanchot tente d’épuiser la littérature de l’intérieur, ce n’est que mieux rétablir l’éclat de son mythe et sa mémoirequi en sont venus à se fragmenter à travers les désastres et les catastrophes historiques de la modernité. >


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Oulipo écriture mécanique, perte de son utilité descriptive/fictionelle

-> son propre imaginaire / vocablaire :

<

Les arts littéraires, sous OuLiPo, ne sont plus des «arts du vide» ni les lieux d’une «expérience-limite» du langage; ils deviennent les espaces d’un jeu et d’une invention artisanale qui aplatissent toute forme de mythologie littéraire. Le mythe de la littérature, que minait de l’intérieur l’esthétiquenégativedéfinie par Rabaté, se retrouve déboulonné, démonté, défait de l’extérieur par l’esthétiqueoulipienne de l’ formelle. La poétique du désœuvrement ‒lieu où l’expérience littéraire devient presque une négativité absolue‒ est remplacée par l’imaginaire prosaïque d’une«littérature-machine»qui ouvre l’écriture à ses potentialités infinies.

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Au sujet d'un épuisement impossible

( par des subterfuges litteraires @B et @P font semblant d'atteindre l' )

... L'article rappelle leur <fonction descriptive> ( son rôle à produire de la déception )

<

Ce geste esthétique, qui se veut exhaustif, se base sur un artifice propre à la voix narrative –ou plutôt classificatrice– du texte: elle met en scène l’illusion, pleinement assumée, d’une possibilité de la totalité. Loin pourtant de l’univers désincarné des fictions blanchotiennes, le sujet d’énonciation perequien se rapproche ici de la voix narrative de Blanchot: les deux partagent la quête impossible d’une qui, inévitablement, mène l’écriture à l’inachèvement. Comme pour Blanchot, l’épuisement, chez Perec, n’est pas ce qui arrête le geste littéraire; il est ce qui l’alimente. Il est moteur du jeu littéraire et de la mémoire qu’il porte en lui.

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+

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Le travail minutieux de catalogage ‒des êtres et des choses qui traversent son présent‒ dévoile le caractère mémoriel de la démarche d’écriture de Perec. Derrière le jeu ludique de la contrainte d’ se constitue une tentative d’archivage de la réalité et du présent; l’écriture veut garder en mémoire le présent concret de la place Saint-Sulpice, celle qui a existé du 18 au 20 octobre 1974. Ce n’est pas la dimension historique de l’endroit qui intéresse Perec, mais bien son épaisseur temporelle, le feuilletage sensible des différentes facettes de son réel-présent.

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@P fait ce jeu dont la contrainte est l' ( tout enregistrer ) de façon profonde ("millefeuil") là ou ta base de données et étalée dans le temps !


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Une tache (capter le présent) vouée à l'échec (infinie)

<

En réaction à l’accélération du temps que suppose le présentisme de notre ère, la poétique perequienne de l’épuisement est une pratique mémorielle qui cherche à écrire l’envers du récit historique: elle cherche à écrire une histoire différentielle, l’histoire d’un réel et d’un présent qui, inévitablement, sont toujours en train de nous glisser entre les mains.

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1) Le labyrinthe et l'oubli.

Fondements d'un imaginaire

Bertrand GERVAIS

https://oic.uqam.ca/wp-content/uploads/2013/06/cf6-2-gervais-le_labyrinthe_et_loubli.pdf


2) Bertrand Gervais "l'effacement radical"

https://www.erudit.org/fr/revues/pr/2002-v30-n3-pr542/006869ar.pdf


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Highlights

épuisement
écriture du quotidien
«communauté inavouable»
Borgès
une communauté littéraire centrée autour du problème de l’épuisement
la forme spectrale et désœuvrée
centaines d'actions simultanées, de micro-événements
travail exhaustif
désœuvrement
ordinaire
sa source intarissable
l’histoire d’un réel et d’un présent qui, inévitablement
prosaïque, le quotidien et le banal
histoire différentielle
catalogage
Archiver le quotidien
exhaustive
accumule les traces presque invisibles
cherche à écrire l’envers du récit historique
«expérience-limite»
Tentative d’épuisement
infra
remplacée par l’imaginaire prosaïque d’une
potentialité sensible
La poétique du désœuvrement ‒lieu où l’expérience littéraire devient presque une négativité absolue
«arts du vide»
dadaïsme
Perec
l’écrivain anonyme
réaffirmation des mythes immémoriaux de l’art littéraire
Rabaté
Vers une littérature de l’épuisement, Dominique Rabaté
Rabaté, 1991
OuLiPo
Gervais
Yates
mettre à mort le mythe de la littérature afin d’actualiser ses capacités mémorielles et de revivifier ses formes et ses possibilités
«essence» et de sa «vérité».
Il est le mouvement paradoxal du dire littéraire qui, déposant les traces et les empreintes spectrales de son écriture, forme la mémoire spécifique que porte en elle l’œuvre de
Elle est la cristallisation d’une poétique de l’épuisement à travers laquelle le sujet, loin d’être nié, retrace ses contours
qui ne se laisse pas unifier ni mythifier.
article
2002
https://www.erudit.org/fr/revues/pr/2002-v30-n3-pr542/006869ar.pdf
«exhumer, classer, illustrer»
qui ouvre l’écriture à ses potentialités infinies
le réel et le temps présent
documentation de son présent
Archiver le quotidien, l’épuiser,
se base sur un artifice propre à la voix narrative
classificatrice
elle met en scène l’illusion, pleinement assumée, d’une possibilité de la totalité.
labyrinthes de l’oubli
ART. Bertrand GERVAIS -- https://oic.uqam.ca/wp-content/uploads/2013/06/cf6-2-gervais-le_labyrinthe_et_loubli.pdf
Frances A. Yates
Tentative d’épuisement d’un lieu parisien
mettre à l’épreuve les limites du littéraire
19e siècle
20e siècle
19e et 20e siècles
Didi-Huberman,
18 au 20 octobre 1974
William Marx
écrivain moderne
perequien
nouvelles contraintes
figure absolument mythique de l’écrivain
exhaustive ses possibles
invention artisanale
Blanchot
chambres
neutre et désastre blanchotien
n’est pas la simple négation de la subjectivité narrative et de l’écrivain
jeu arbitraire de l’écriture
Si l’œuvre blanchotienne fut, par sa poétique du désœuvrement et de l’épuisement, un refus radical de la mythification de la littérature, elle fut aussi, dans un même mouvement paradoxal, l’une des sources décisives du renouvellement du mythe de l’écrivain au 20e siècle
jeu ludique
contraintes
les arts du récit de Blanchot,
Le «dehors» de l’écriture littéraire, tel que conceptualisé par Blanchot
«littérature-machine»
Blanchot tente d’épuiser la littérature de l’intérieur, ce n’est que mieux rétablir l’éclat de son mythe et sa mémoire
jeu arbitraire
ludique
qui en sont venus à se fragmenter à travers les désastres et les catastrophes historiques de la modernité
il cherchait à ne rien dire qui alourdit l'espace, parlant l'espace, épuisant l'espace fini et sans limites»
procédure systématique
potentialités du présent,
logique systématique
écrivain-technicien,
d’archiver le temps présent
sont les figurations mêmes de l’épuisement.
contrainte d’exhaustivité
tente d’épuiser la littérature de l’intérieur, ce n’est que mieux rétablir l’éclat de son mythe
ont vu le corps unifié des arts littéraires se rompre, se fragmenter en une multitude de poétiques de la littérature dont l’enjeu central fut la détermination de son sens et de sa la valeur à travers le temps
esthétique
sont toujours en train de nous glisser entre les mains.
de la littérature se sont constituées dans cette dynamique fragmentaire de la modernité.
Michaux
«expérience-limite» radicale et absolue
est devenue, dans ces différentes pratiques d’écriture du 20e siècle, le lieu paradoxal de leur remise en question: «
l’inspiration artistique
architectures de l’oubli et de la mémoire
économie de la misère pour Michaux,
«machine-écriture»
négativité
négative
tombent dans l’oubli,
travail exhaustif d’inventaire du réel.
L’effacement radical
, mais aussi de sa temporalité.
l’effondrement de son sens
arts de l’oubli
Ars memoriae
mémoire de l’oubli
épuiser de l’extérieur
négativité radicale
Où commence l’oubli, où se termine la mémoire?
Quand l’écriture littéraire s’effondre sur sa propre masse, creusant en elle sa propre déconstruction langagière et narrative, celle-ci découvre son origine la plus profonde et sa source intarissable.
À l’image de ses personnages de fiction, la poétique blanchotienne cherche le lieu interne de son propre désœuvrement, l’exténuation de sa parole et de sa narrativité.
ceux qui façonnent l’épuisement de la voix narrative
fonction descriptive
exhaustivité
qu’ils portent en eux, font de l’écriture et de la lecture les lieux d’une
ne correspond pas à la mort de l’auteur ni à la fin de la littérature
forme spectrale et désœuvrée d’un être «qui suppose sa mort antérieure».
celle-ci se juxtapose à une mémoire plus large, celle de la figuration blanchotienne de l’écrivain
; la mémoire interne d’un temps épuisé, qui se déploie selon ses propres lois narratives
mathématiques
La seconde
contraintes sémantiques éventuellement
L’épuisement, qui marque la teneur ontologique de ces lieux, n’est pas à comprendre comme la négativité d’une absence absolue.
Les différents courants artistiques et littéraires de la modernité se sont enchainés à travers les époques, dans une dynamique de la rupture, du renouvellement et de la différenciation
La voix narrative, qui, dans l’esprit du roman du 19e siècle, était le support formel de l’énonciation et de la fiction,
les deux partagent la quête impossible d’une exhaustivité qui, inévitablement, mène l’écriture à l’inachèvement
Le mythe de la littérature, que minait de l’intérieur l’
définie par
, se retrouve déboulonné, démonté, défait de l’extérieur par l’
oulipienne de l’exhaustivité formelle
les contraintes de l’écriture littéraire est une
de l’écriture littéraire
peuvent certes se comprendre comme les gouffres de l’oubli, mais aussi comme les facettes plurielles d’une mémoire alitée, immobilisée et exténuée, qui possède sa propre temporalité
architectures mémorielles. Les «lieux» que ceux-ci cherchent à instituer
labyrinthes narratifs centrés par l’effacement
le renouvellement de ses possibilités à partir de
n’est pas sans lien avec l’idée d’une littérature qui, dans l’implosion de son propre mythe, cherche le renouvellement de son dire.
Elle est bien plutôt à la
L’écriture fictionnelle de Blanchot, qui se veut le lieu où le sujet trouve la mort,
des manières d’articuler des espaces imaginaires de la mémoire
on peut se demander si derrière les labyrinthes de l’oubli de Blanchot ne se dessinent pas aussi des lieux mémoriels
Proclamant incessamment son adieu, les idées d’une «mort» et d’un «épuisement» de la littérature reconduisent la vie et la mémoire culturelles du dire littéraire contemporain. Elles lui redonnent un corps pour l’inscrire dans l’histoire, non pas comme présence unifiée, mais bien comme la multiplicité et la diversité des pratiques qui constituent sa vitalité au présent.
épaisseur temporelle, le feuilletage sensible des différentes facettes de son réel-présent.
mais bien la mise en œuvre d’une pratique d’écriture qui s’affirme comme un acte de vitalité
il y garde, accumulé pêle-mêle, dans le jeu arbitraire de sa perception, tout ce qui est rejeté hors du discours historiographique
Le linéaire du temps historique est substitué à la linéarité d’une perception unique
mini-manifeste
«Où commence l’oubli, où se termine la mémoire?»
n’est une externalisation de l’expérience de la littérature, mais bien son internalisation négative,
L’univers fictionnel blanchotien, constitué de lieux et d’espaces désœuvrés, est hanté par des personnages spectraux qui, malades ou mourants,
dans la quête impossible de son achèvement, il trace le parcours interne de son épuisement et de son effacement
La voix narrative déborde du cadre de la fiction, elle l’envahit. Se prenant pour objet, elle scrute ses traces, elle conteste ses effets, se retourne sur et contre elle-même. Elle est objet et sujet, produit et production, présence et absence
différents rapports au temps.
beckettien
À la fois architectures de l’oubli et de la mémoire, cette poétique garde en elle les traces d’une narrativité et d’une subjectivité autre
d’énumérer, de la manière la plus objective possible, ce que le regard saisit à partir d’une position subjective déterminée
exhumer, classer, illustrer les contraintes
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Illusion d’exhaustivité

C’est donc en cherchant quelque chose (ou en ne cherchant rien) qu’on découvre autre chose d’une importance considérable, voire capitale, ce qui nous ramène inévitablement au «quotidien et ses tentatives d’épuisement». Étymologiquement, le mot épuiser tire son origine du mot puits, que l’on met à sec en en tirant toute l’eau qu’il contenait, d’où le trope vers un tarissement des énergies vitales, c’est-à-dire causer la disparition de quelque chose, utiliser complètement (Antidote 8, v. 5.5) ou, par analogie, la relève de l’entièreté des données dans un recensement. Épuiser un sujet implique aussi d’une certaine manière en tirer toutes les possibilités réflexives en l’observant de façon exhaustive.

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Comme la sérendipité, l’exhaustivité est une francisation du mot anglais exhaustion, néologisme tiré du latin exhaustum: «vider en puisant», de haurio: «tirer, et ex: hors de» (Gaffiot, 2011: 279-336). Le terme est créé par le philosophe britannique Jeremy Bentham

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Confortablement installé à la terrasse du café de la mairie, place St-Sulpice, Perec recense ce qu’il appelle l’infraordinaire, ou comme il l’explique dans un dialogue avec Bernard Noël, «ce que l'on ne note généralement pas, ce qui ne se remarque pas, ce qui n'a pas d'importance: ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages» (Bellos, 1994, 37).

>

<

la présence devient un effet lorsqu’un objet suscite une réaction ou, du moins, attire l’attention par le seul fait d’être présent, le fait d’être là, à un endroit en particulier, à un moment donné

>

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Dans son Trajet de l’œil, Bernard Noël écrit «[v]oué à la réalité, il y a un moment où j’écris ce que je vis, et un autre où ce que j’écris me vit […] L’écriture chemine depuis la périphérie de la conscience jusqu’à ce centre où rayonne l’œil qui la voit, se voit, me voit, se voit me voir, et par conséquent m’écrit» (1988: 69-70).

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Pour en revenir à l’intention à l’origine de ma réflexion, Edmundo Morim Carvalho, dans son étude sur le Paradoxe de la recherche, définit la sérendipité comme «l’art paradoxal de se laisser surprendre par les phénomènes quand rien ne prédisposait d’accorder de l’attention à ce qui n’était, à première vue, qu’un accident, une insignifiance, un bruit de fond dépourvu d’intérêt» (De Carvalho, 2011: 387).

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«ce que l'on ne note généralement pas, ce qui ne se remarque pas, ce qui n'a pas d'importance: ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages» (Bellos, 1994, 37).

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Highlights

l’épuisement total est impossible, étant donné notre processus de pensée qui est «toujours inachevé, et toujours déjà commencé»
quotidien
Tentative d’épuisement de la place St-Sulpice
épuiser
du mot puits, que l’on met à sec en en tirant toute l’eau qu’il contenait
tarissement des énergies vitales
infraordinaire
Épuiser un sujet
causer la disparition de quelque chose, utiliser complètement
occurrence
méthodologies de recherche,
«je décris “ce que je vois” de la manière la plus neutre possible»
«ce que l'on ne note généralement pas, ce qui ne se remarque pas, ce qui n'a pas d'importance: ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages» (Bellos, 1994, 37).
recensement
«vider en puisant»
recenser
L’ordre
épuisement
banalité
insignifiance
Colomb
The Myth of Presence
la présence devient un effet lorsqu’un objet suscite une réaction ou, du moins, attire l’attention par le seul fait d’être présent, le fait d’être là, à un endroit en particulier, à un moment donné
Mais quand et comment la présence devient-elle un effet?
Kandinsky
l’art aime le hasard, comme le hasard aime l’art
Aristote
Lalonde
Perec
2015
Gervais
Bentham
signifier l’investigation complète et attentive d’un sujet donné:
Peirce
semiosis ad infinitum
«ne créent plus une œuvre, mais participent à l’instauration d’un climat permettant de nouer, sur un plan esthétique, des relations entre différentes personnes et entre différents phénomènes psychologiques et physiques»
Popper
195 nations
4 500 heures de séquences vidéo mettant en scène le quotidien du 24 juillet 2010
Lector in fabula
Umberto Eco
Edgar Allan Poe
Ridley Scott
The Man in the High Castle
The Purloined Letter
Bellos
Peut-on véritablement trouver la définition d’une chose en rejetant tout ce qu’elle n’est pas?
Trajet de l’œil
Carvalho
Edmundo Morim Carvalho, dans son étude sur le Paradoxe de la recherche
énonciation
Foucault
Noël
dictionnaires français en 2011
Les aventures des trois princes de Serendip
Macdonald
Van Andel
Last Room
Life in a Day
Place St-Sulpice
l’œil qui la voit, se voit, me voit, se voit me voir, et par conséquent m’écrit
Fleming
dissimulé bien en vue
conséquence d’une action
«[qui] épuise, qui enlève à un terrain les éléments productifs»
illusion d’exhaustivité
par accident et sagacité, des choses qu’elles ne cherchaient pas
bruit de fond
attendant en silence le moment d’être énoncé
attention
le réseau secret selon lequel elles se regardent en quelque sorte les unes les autres
[r]ésultat d’une cause
exhaustivité
L’application pratique se trouve quand on ne cherche pas
l’abduction peircienne
«tirer, et ex: hors de»
tiré du latin exhaustum:
exhaustion,
hidden in plain sight
et perspicacité
«hors du commun»
se laisser surprendre
inattendu
accident
hasard
«À cet instant je ne me définis plus par rapport à un “intérieur” et à un “extérieur” mais, synthétiquement, je suis les deux» (73).
sérendipité
la réponse nous arrive avant la question.
abduction
, un effet
attirer l’attention,
susciter une réaction
effet de présence
représentation
’il y recense ce qui est déjà présent.
perception qui se regarde en train de regarder
sérendipitude
singularité
je perçois, donc je suis
’archivage du présen
archivage du présent
Héraclite «on ne baigne jamais deux fois dans le même fleuve»
ce qui n’existe qu’à travers la grille d’un regard
déjà là
C’est donc en cherchant quelque chose (ou en ne cherchant rien)
la raison qui s’offre un simulacre de pure déduction
nous mettre au monde
lorsque l’intention n’est pas centrée sur nous-mêmes, mais sur le monde
intention
on peut dire que tout le programme de la civilisation repose sur ce principe
l’esprit va du moyen au but
C'est pourtant dans leur amalgame que l’on peut sincèrement appréhender ce présent et la manière que nous avons de le percevoir.
l’étude des faits et la conception d’une théorie pour les expliquer.
[e]lle est considérée comme la capacité de découvrir, d’inventer, de créer ou d’imaginer quelque chose de nouveau sans l’avoir cherché, à l’occasion d’une observation surprenante qui a été expliquée correctement
sagacité accidentelle
cybernétique2
Leurs Altesses voyageaient, elles faisaient toujours des découvertes
vêtements particuliers
l’art de faire des découvertes par hasard
, c’est à la fois ce qui se donne dans les choses comme loi intérieure
qu’on découvre autre chose d’une importance considérable, voire capitale, ce qui nous ramène inévitablement au «
et ses tentatives d’
l’art paradoxal de se laisser surprendre par les phénomènes quand rien ne prédisposait d’accorder de l’
à ce qui n’était, à première vue,
, un bruit de fond dépourvu d’intérêt
exhaustive
ce que les anglophones appellent le principe de Serendipity
Il faut œuvrer [répond-elle] avec l’inattendu et l’intégrer dans nos
ce que je vois
ne filtre pas, ne cherche pas à produire un effet qualitatif
Asie
c’était un de mes tableaux qui était appuyé contre le mur sur un des côtés
«[s]cience des processus de commande, de communication, de contrôle et de régulation dans les systèmes (machine, organisme vivant, collectivité)»
cybernétique
produit un effet antibactérien
Dans cette perspective, l’
peut être l’effet ou le résultat d’une intention d
Il pose ensuite l'hypothèse qu'une substance sécrétée par le champignon
Penicillium notatum
cultures de staphylocoques sont envahies par des moisissures
Une représentation n’est efficace que si elle parvient à convaincre le lecteur ou spectateur que quelque chose a commencé à apparaître et que cette présence ne lui doit rien, marquée par un certain dynamisme, par une relative autonomie
pénicilline
ce qui devient de plus en plus général au fur et à mesure que la science progresse
le second genre d’invention est ce qui se produit d’habitude
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